Mozart à Vienne, 1783-1785

Sonate en si bémol majeur K333
Fantaisie en ut mineur K475
Sonate en ut mineur K457
Marcia funèbre del Signor Maestro Contrapunto K453a
Variations sur “Salve tu Domine” (Paisiello) K398

Pierre BOUYER, pianoforte viennois Marc DUCORNET (copie d’après Stein, vers 1780)

Dans l’œuvre de Mozart, cette période est celle qui pose le plus de problèmes de datation puisque les avis divergent dans la proportion de cinq années pour la Sonate en si bémol majeur, et que si la Fantaisie et la Sonate en ut mineur sont datées de la main de Mozart, un doute est exprimé par certains musicologues concernant la date de conception. Pour Mozart, pianiste-compositeur, la période qui va de la fin des années 1770 à la fin des années 1780 est une période de transition et de réflexion en ce qui concerne l’œuvre dédiée à son instrument de prédilection, et de fait, à partir du moment où il rompt avec l’Archevêque de Salzburg en mai 1781, et s’établit comme artiste libre à Vienne, il n’écrit plus de sonates de pianoforte. Cela peut paraître surprenant puisque, devenu indépendant, ce sont justement les leçons de piano et les concerts qui lui permettent de gagner sa vie; mais en fait Mozart enthousiasmait surtout le public viennois par ses improvisations libres et par ses concertos. Lorsqu’il se remit à composer régulièrement des sonates, en 1788/1789, la découverte de l’œuvre de Johann Sebastian Bach et l’abandon du style galant avaient fait leur chemin, et la volonté de Mozart était de trouver au pianoforte une écriture à la fois rigoureuse et passionnée. Les principales œuvres enregistrées dans ce volume sont des jalons essentiels dans cette recherche, d’autant plus émouvantes que, œuvres uniques, elles condensent toutes les tensions de la création artistique cherchant un nouvel équilibre.

Pierre Bouyer offre une interprétation respectant les pleins et les déliés de l’écriture mozartienne par un legato expressif, une clarté sonore, un sens de la nuance, un jeu bien articulé (…). N’étaient les pudiques ornementations et l’utilisation d’un instrument ancien, la conception d’ensemble pourrait s’identifier à celle de Walter Gieseking (…). La mobilité digitale, la souplesse d’intonation rendent très théâtrales les Variations sur une aria de Paisiello (…), avec un esprit ludique proche de l’improvisation.
— Michel Le Naour, "Le Monde de la Musique"
C’est avec brio et sincérité que Pierre Bouyer, qui connaît parfaitement les pianos anciens et milite en faveur du pianoforte, instrument encore trop souvent déprécié, nous fait parvenir dans l’univers mozartien. On appréciera la pureté de son jeu sans sécheresse, mais aussi tout ce qu’il y a de frémissant et de sensible dans son interprétation.
— Adélaïde De Place, "Diapason"
Pierre Bouyer (…) pratique un jeu très brillant et expressif, soulignant les phrasés, les contrastes, la rhétorique des textes qui cessent ainsi d’être de la musique « pure » pour devenir de la musique représentative, quitte à se permettre à l’occasion de petites libertés avec les textes, selon l’usage ancien. Cette méthode a quelques avantages, notamment celui de rendre les variations (…) si souvent plates et ennuyeuses chez tant d’interprètes.
— Jacques Bonnaure, "Classica – Répertoire"

Haydn, Les sept dernières paroles de notre Seigneur Jesus-Christ sur la Croix

Version pour violon et pianoforte, établie par Pierre Bouyer d’après l’oratorio et les versions pour quatuor à cordes et pour orchestre de Franz Joseph Haydn, les versions pour pianoforte publiées avec l’assentiment de Haydn, et les versions pour orgue et pianoforte du Chevalier Sigismond von Neukomm.

Nicole TAMESTIT, violon anonyme, XVIIIème siècle Pierre BOUYER, pianoforte viennois, Marc DUCORNET copie d’après Stein, vers 1780

Haydn a donné de multiples formes à ce chef d’œuvre à nulle autre œuvre comparable, et qui eut un immense succès à la fin du XVIIIème siècle : versions pour orchestre, pour quatuor à cordes, oratorio pour solistes, chœurs et orchestre. Il a également donné son assentiment à des versions pour pianoforte seul, et connu une version pour pianoforte et orgue. C’est pourquoi Pierre Bouyer a trouvé tout à fait licite, et très passionnant de tenter cette expérience d’une version pour pianoforte et violon : le pianoforte apporte un élément de grandeur orchestrale que le quatuor à cordes ne possède pas et le violon solo chante avec l’émotion de la version quatuor. De plus, en alternant constamment les deux habitudes d’écriture de la fin du XVIIIème siècle (pianoforte avec accompagnement de violon, ou violon accompagné par le pianoforte) éclairages sont en perpétuelle transformation, les interprètes obtiennent, avec les moyens réduits de leurs deux instruments, une étonnante variété d’éclairages.

Me trouvant dans l’immense hall réservé aux disques classiques chez Virgin (…) j’y fus saisi par les accents plaintifs, très humains, d’un violon assez grave, et du pianoforte (…) je n’avais jamais entendu cette suite en cette sonorité (…) elle me séduisit ; elle m’étonna ; chers grands musiciens, permettez moi de vous féliciter très chaleureusement : votre art de « recréation » est admirable.
— Une lettre d’un mélomane…
La restitution, par Nicole Tamestit et Pierre Bouyer, de cet arrangement inorthodoxe mais, esthétiquement et affectivement, très défendable est tendue, dramatique, d’une spiritualité aussi passionnée et tourmentée que celle de certains enregistrements pour quatuor….
— Jean Dupart, "Diapason"

Mozart, Violon et Pianoforte

Sonate en sol majeur K379
Sonate en mi mineur K304
Variations sur l’air “La Bergère Célimène” K359
Sonate en si bémol majeur, K454

Haydn a donné de multiples formes à ce chef d’œuvre à nulle autre œuvre comparable, et qui eut un immense succès à la fin du XVIIIème siècle : versions pour orchestre, pour quatuor à cordes, oratorio pour solistes, chœurs et orchestre. Il a également donné son assentiment à des versions pour pianoforte seul, et connu une version pour pianoforte et orgue. C’est pourquoi Pierre Bouyer a trouvé tout à fait licite, et très passionnant de tenter cette expérience d’une version pour pianoforte et violon : le pianoforte apporte un élément de grandeur orchestrale que le quatuor à cordes ne possède pas et le violon solo chante avec l’émotion de la version quatuor. De plus, en alternant constamment les deux habitudes d’écriture de la fin du XVIIIème siècle (pianoforte avec accompagnement de violon, ou violon accompagné par le pianoforte) éclairages sont en perpétuelle transformation, les interprètes obtiennent, avec les moyens réduits de leurs deux instruments, une étonnante variété d’éclairages.

On aurait tort de ne pas attacher d’importance à ce premier volet d’une intégrale de l’oeuvre pour violon et pianoforte de Mozart publié par un éditeur indépendant. Sur des instruments d’époque (…), la violoniste Nicole Tamestit et le pianofortiste Pierre Bouyer font des miracles de poésie, d’intelligence partagée et de sensibilité accordée (…) Face à la concurrence de Gatti/ Alvini (Arcana), Cohen/Höbarth (Astrée), Bilson/Luca (Nonesuch), sans parler des enregistrements de Kuijken (RCA), les deux interprètes font bonne figure. Ils suivent avec allégresse et sensibilité les pleins et les déliés avec un sens de la ligne et de la pulsation qui n’a rien à envier à Goldberg/Lupu (Decca), voire Grumiaux/Haskil, dans une interprétation moderne. L’excellente présentation du livret témoigne du soin avec lequel cet enregistrement a été réalisé.
— Michel La Naour, "Le Monde de la Musique"

Mozart, Paris 1778

Variations en mi bémol majeur K353 sur “La belle Françoise”
Sonate en la mineur K 310
Variations en ut majeur K264 sur “Lison dormait”
Variations en mi bémol majeur K354 sur “Je suis Lindor”
Variations en ut majeur K265 sur “Ah, vous dirai-je, Maman”

À 22 ans, Mozart veut s’installer dans une capitale européenne à la mesure de son talent. Son père et lui choisissent Paris. Hélas ! Plus personne ne s’intéresse à l’ex-enfant prodige qui jouait à 8 ans sur les genoux de Marie Antoinette. L’aristocratie le reçoit avec dédain, sa propre mère meurt dans la capitale française : le cœur autant que l’orgueil du compositeur sont gravement blessés. Une sonate dramatique, entourée de cahiers de variations sur des succès français du moment, est l’écho de cette année difficile dans un monde futile.

Sur une copie d’un pianoforte Stein de 1780, Pierre Bouyer emplit ces partitions de couleurs surprenantes et n’éprouve pas le besoin d’épaissir le trait. (…) Son jeu délicatement articulé révèle des timbres argentés, et ses graves s’enrichissent de toutes les harmoniques oubliées sur les pianos modernes.
— Sandrine Khoudja-Coyez, "Le Monde de la Musique"
Un magnifique « Mozart à Paris ».
— Jacques Drillon, "Le Nouvel Observateur"

Mozart, Londres 1764

47 Pièces pour clavier écrites par Wolfgang Amadéus Mozart, vraisemblablement toutes en 1764, réunies pour la plupart en Sinfonias, Sonatines, Sonates, Ballo & Sérénade par Pierre Bouyer.

Mozart a 8 ans, depuis près d’un an il parcourt l’Europe grâce à l’esprit entreprenant de son père. Un long séjour à Londres va représenter une étape cruciale dans la constitution de son identité artistique. Son père lui offre un cahier plein de portées vierges : pas à pas, nous entendons le petit enfant prodige se transformer en un musicien accompli, qui dépasse déjà, parfois, bien des maîtres reconnus du moment.

Pierre BOUYER, pianoforte viennois, Marc DUCORNET copie d’après Stein, vers 1780

Pierre Bouyer poursuit l’exploration de l’oeuvre pour pianoforte de Mozart (…). Fidèle aux qualités reconnues dans ses précédents enregistrements consacrés à Mozart, Pierre Bouyer (…) sait tirer de son instrument le relief nécessaire pour faire vivre le discours musical.
— "Le Monde de la Musique"
Un jeune Mozart déjà incapable de mal faire. À 8 ans, pas une erreur, pas une faiblesse. Pierre Bouyer est extraordinaire, franc, énergique, clair, sensible, il chante, il est un mozartien né.
— Jacques Drillon, "Le Nouvel Observateur"
Le pianofortiste Pierre Bouyer, après avoir enregistré un Mozart à Vienne 1783-1785, qui va bientôt être réédité, nous offre deux autres CD de la même veine, qui pourraient contituer une future intégrale de l’oeuvre de mozartienne pour le pianoforte. (…) Pierre Bouyer a redistribué intelligemment l’ordre des pièces pour mettre ensemble, comme l’aurait dit Mozart, celles « qui s’aiment », créant ainsi sinfonia, sonatine, sonate, serenade, rondeaux, etc. Un parti pris qui n’oublie aucun morceau, y compris les fragments, même lorsqu’ils sont très courts (huit secondes).
— Yves Canal, "Prestige Audio-Vidéo"

Beethoven & le pianoforte Érard

Œuvres écrites entre 1803 et 1806 :
Andante favori WoO57
32 Variations en ut mineur WoO80
6 Écossaises WoO83
Variations “God save the King” WoO78 & “Rule Britannia” WoO79
Prélude en fa mineur WoO55
Bagatelle (Allegretto) en ut majeur WoO56
Menuet en mi bémol majeur WoO82
2 Canons Hess 274
Œuvres pour pianoforte à quatre mains : 3 Marches opus 45
Variations “Ich denke dein” WoO74

Pierre BOUYER, pianoforte français, Alain MOYSAN copie d’après Érard, vers 1803.
Avec la participation de Sophie LIGER pour les œuvres à 4 mains.

Beethoven est, à 33 ans, un compositeur et un pianiste en pleine gloire. Il reçoit à Vienne, dans des conditions restées mystérieuses, un pianoforte français qu’il gardera jusqu’à la fin de ses jours. Des œuvres variées, séduisantes, et pour certaines fort peu connues, permettent de découvrir toutes les sonorités d’un instrument également très apprécié par Haydn, et qui marque une étape prestigieuse de la facture française.

Sélectionné par Thierry Geffrotin comme CD de la semaine en avril 2008 Le Monde de la Musique La clarté et la virtuosité de P. Bouyer sont remarquables.
— Hélène Patrelle, "Europe 1"
Quel plaisir de découvrir Beethoven sous les bois français ! Un son très boisé, âpre comme un cheval fou (…) Pour cette double curiosité et le plaisir qu’elle procure, il faudra faire l’acquisition de ces disques.
— Marc Dumont, "Diapason"
Le programme est passionnant (…) ce CD, par sa musicalité (…) est à recommander sans réserves à tous les beethovéniens.
— Philippe van den Bosch, "Classica-Réperoire"

Beethoven, 1803-1806

Œuvres écrites entre 1803 et 1806 :
Andante favori
Sonate n°21, opus 53, “Waldstein”
Sonate n°22, opus 54, en fa majeur
Sonate n°23, opus 57, “Appassionata”

Dans un premier volume (Beethoven & le pianoforte Érard) consacré à ces quatre années, importantes dans la production pianistique de Beethoven, Pierre Bouyer a abordé un certain nombre d’oeuvres peu connues sur le pianoforte Erard, source d’inspiration sonore nouvelle pour le compositeur. Cependant, c’est sur un magnifique pianoforte viennois, très proche de celui que Beethoven possédait à cette époque, que Pierre Bouyer propose dans le présent album les oeuvres majeures de cette période, oeuvres qui révolutionnent l’écriture pour le pianoforte. Placé en ouverture de ce CD, comme du précédent, l’“Andante Favori” permettra une passionnante comparaison entre deux instruments contemporains aux esthétiques radicalement différentes. Pierre BOUYER, pianoforte viennois Rosenberger, 1803 (Collection Edwin Beunk)

Pierre BOUYER, pianoforte Rosenberg (Vienne, 1803)

Son lyrisme tendre, ses propos badins sont (…) appréciés avec le timbre du pianoforte viennois, (…) chaleureux et intimiste. Le thème initial de la Sonate « Appassionata » est pareillement bien rendu. Le brio et la luminosité du premier mouvement de la « Waldstein » (…) sont parfaitement restitués.
— Hélène Patrelle, "Le Monde de la Musique"
Beethoven reprend son image prométhéenne.
— Pianiste, "Thomas Herreng"
Une expérimentation sonore étonnante (…) avec le jeu particulièrement emporté et volcanique de Pierre Bouyer, les sonates « Waldstein » et « Appassionata » sonnent de manière totalement ahurissante, préfigurant parfois même Edgar Varèse. La confrontation des deux instruments passionnera les amateurs de pianoforte, et ceux qui méditent sur les rapports entre instrument et composition.
— Philippe van den Bosch, "Classica-Répertoire"
Bouyer se joue de toutes les possibilités des instruments, les carresse, ou les violente, fait entendre le meilleur de chacun. Écoutez le jeu de pédale dans le premier mouvement de la « Waldstein », amenant des couleurs inattendues, poétiques et mystérieuses, comme dans toute la sonate.
— Marc Dumont, "Diapason"
Le parcours original que propose Pierre Bouyer est fait pour les amoureux de Beethoven. Après le Beethoven et le pianoforte Érard, où il jouait avec Sophie Liger une douzaine de pièces, dont plusieurs variations, il sort un nouvel enregistrement Beethoven Sonates Waldstein, Appassionata, toujours consacré à la période 1803-1806, mais sur pianoforte viennois. Pour piquer l’intérêt, il reprend l’Andante favori interprété sur l’instrument français. On peut aimer l’esprit du premier et son ambiance « salon », ou préférer la résonance du deuxième, ses réponses franches, ses graves, les contrastes qu’il autorise. On aime la générosité dans la Waldstein, le « goût »» sûr de son Adagio, et aussi, dans l’Appassionata, la couleur et le sens de l’action. Si toutes les voies mènent à Beethoven, elles rencontrent forcément, à un moment, les chemins du pianoforte. Des interprétations enthousiastes, scrupuleuses, du grand compositeur.
— Michèle Fizaine, "Le Midi Libre"

Schumann sur trois pianoforte — Phantasie opus 17 & Kreisleriana opus 16

Fortepiano Érard, 1837
Fortepiano Streicher, 1856
Pianoforte Fazioli, 1995

Deux chefs d’œuvre de Schumann successivement interprétés sur trois instruments différents, historiquement très justifiés, sous les doigts du même pianiste : voilà qui permet de ressentir profondément quelles couleurs essentielles, et pas toujours perceptibles, amène un instrument dans la restitution d’une œuvre. Streicher est le descendant de la prestigieuse facture viennoise et fait partie de l’environnement naturel du jeune Schumann. Très apprécié par le compositeur, Erard, avec un instrument exactement contemporain des œuvres, représente l’avenir français du piano. Quant à l’actuel Fazioli, certains le considèrent comme le meilleur piano actuel. Pierre Bouyer accompagne ses enregistrements d’une réflexion originale sur l’histoire, l’esthétique et l’avenir de l’interprétation pianistique.

Artistiquement accomplie et d’une vertu pédagogique rafraîchissante, la démarche du pianofortiste saura séduire perfectionnistes comme curieux en phase de découverte ou d’approfondissement.
— Ernst Van Bek, "Pianiste"
4 étoiles
— Classica
Master Est-ce à l’instrument de dicter ses lois ? Ou bien doit-il se plier aux exigences conceptuelles de l’interprète ? Dans le petit essai que contient un épais boîtier métallique, Pierre Bouyer – en un mélange subtil de modestie (devant certains grands schumanniens du passé) et d’orgueil (son entreprise ne manque pas d’ambition : enregistrer par trois fois les Kreisleriana et la Fantaisie) – reconnaît avoir une conception différente de la même œuvre suivant qu’il joue sur son Erard (1837), un Streicher (1856), ou un Fazioli (1995). Si la musique, elle, ne change pas (encore que les Kreisleriana soient proposées dans trois versions différentes), la variable induite par l’instrument altère considérablement le toucher et le ressenti auditif : une sorte de perfection classique est atteinte avec le très viennois Streicher : clarté polyphonique et lisibilité du discours musical fuient l’excès au profit d’une exploration de la demi-teinte. A l’opposé, la “machine de guerre” Erard impose son grandiose ferraillement, fait gicler ses aigus d’une grande richesse harmonique. Lorsque s’installe le claudicant rythme iambique de “Schnell und spielend”, c’est comme si le piano, aussi, rendait son dernier soupir. Mais on ressent le pianiste plus libre avec le Fazioli, dont chaque note s’investit d’une charge émotionnelle prégnante ; ici, plus aucune trace de lutte avec l’instrument. Malgré quelques réserves portant sur une liberté agogique tirant trop, par moments, la musique de Schumann vers le convulsif, la réalisation de Pierre Bouyer constitue une passionnante expérience, dans la droite ligne d’un Demus ou d’un Badura-Skoda. Les Etudes symphoniques, déclinées selon le même principe, devraient paraître en mai.
— Jérémie Bigorie, "Pianiste"
Deux chefs-d’œuvre de Schumann successivement interprétés sur trois instruments différents – pianoforte Érard 1837, fortepiano Streicher 1856 et pianoforte Fazioli 1995 –, historiquement très justifiés, sous les doigts du même pianiste : voilà qui permet de ressentir profondément quelles couleurs essentielles, et pas toujours perceptibles, amène un instrument dans la restitution d’une œuvre.
— Laurent Bergnach, "Anaclase"
Dans un coffret métallique, genre boîte de havanes, trois CD, accompagnés de tas de livrets, plus ou moins épais, reprennent les deux mêmes œuvres, jouées sur trois pianos différents : un Erard de 1837, un Streicher de 1856, et un beau grand Fazioli de 1995. On passe de l’un à l’autre, on revient, on erre, on ne sait quoit choisir. Car chaque piano ne porte pas seulement sa sonorité, mais détourne l’interprétation, l’incline dans sa direction propre. De l’influence de la matière sur la pensée !
— Jacques Drillon, "Le Nouvel Observateur"
PizzicatoCe coffret est quelque chose de très spécial. Un des fortepianistes français les plus expérimentés, Pierre Bouyer, joue deux œuvres de Schumann, ‘Kreisleriana’ et ‘Phantasie’ sur trois pianos différents, un Erard de 1837, un Streicher de 1856 et un Fazzioli de 1995. Plusieurs livrets accompagnent cette production, contenant d’exhaustives informations sur Schumann et ses états d’esprit, les œuvres et leurs éditions (dans le cas de Kreisleriana), sur l’évolution des pianos en général et sur les instruments choisis en particulier. Le mélomane désireux de comparer les sonorités est donc guidé avec, à sa disposition, un bagage des plus solides.
— Pizzicato
Pierre Bouyer, on s’en rendra à l’écoute de ces trois disques (...), fait partie de ces pianistes qui ne cristallisent pas une interprétation et possèdent un jeu vivant sans cesse en renouvellement.
— François Mardirossian, "Crescendo"
Bon musicien, bon pianiste, lecteur attentif, Pierre Bouyer ose une démonstration qui serait autrement éloquente si elle était fragmentée, explicitée : manque donc un quatrième disque, making of des trois autres.
— Alain Lompech, "Diapason"

Répertoire 1799-1801, Violon & Pianoforte

Disque 1 : BEETHOVEN — Deux Sonates, n°s 4 & 5, opus 23 & 24
Disque 2 : Quatre sonates de MEDERITSCH, CRAMER, EBERL & KLEINHEINZ

Une date : 1800, tournant entre classicisme et romantisme. Deux instruments, le pianoforte et le violon, dont la facture est en pleine évolution. Une œuvre emblématique, la 5ème Sonate de Beethoven, dite Le Printemps, et sa jumelle beaucoup moins célèbre, la 4ème Sonate en la mineur. Une enquête, au terme de laquelle Nicole Tamestit et Pierre Bouyer, après avoir lu une centaine de sonates et d’autres œuvres, vous en proposent quatre, qu’ils ont aimées et qui permettent d’appréhender l’environnement musical dans lequel Beethoven a composé ses chefs d’œuvre.

Nicole TAMESTIT, violon
Pierre BOUYER, Fortepiano Bertsche (Vienne, vers 1810)

Beethoven impertinent ou caricaturé ? De la réponse à cette question découlera l’appréciation de cette lecture décapante. La verdeur, l’âpreté des sonorités des instruments d’époque ne constituent pas un contresens dans les trois oeuvres de jeunesse judicieusement regroupées dans ce disque. (…) Gravé à la Villa Médicis, le présent enregistrement stupéfie par la qualité irréprochable de sa réalisation, manifeste dans l’équilibre parfait qui règne entre les trois complices. Dans les trios, la richesse des sonorités du pianoforte — un splendide Schanz de 1805 — se marie à merveille avec les timbres chaleureux et du violoncelle. Tempi fulgurants, arêtes rythmiques tranchantes, sonorités éblouissantes et parfois insoupçonnables restituent le brio et la verve juvénile des mouvements rapides. Quant aux mouvements lents, ils se nimbent de reflets poétiques et mystérieux tout aussi fascinants que ceux obtenus par le Trio Guarneri avec Pascal Moragues. Éblouissantes, ces interprétations — les premières sur instruments d’époque — offrent une nouvelle jeunesse à ces partitions. Signalons également la qualité et l’originalité du livret d’accompagnement.
— Jean-Noël Coucoureux, "Classica-Répertoire"
Vers 1800, Beethoven et Haydn n’étaient pas les seuls compositeurs actifs à Vienne. D’autres obtinrent de francs succès, mais les contemporains savaient en général distinguer le génie du talent. Le présent CD oppose aux Sonates pour violon et piano op. 23 et 24 de Beethoven, composées et publiées en 1800-1801, quatre ouvrages viennois ou presque de la même époque. Précisons tout de suite que l’interprétation, due à deux artistes ayant fait leurs preuves, est excellente : en témoigne le délicat mouvement central de l’opus 23. Qu’en est-il des musiques qu’on nous invite à découvrir ? Johann Baptist Cramer (1771-1858) et Anton Eberl (1765-1807) ne sont pas des inconnus, et ont déjà eu les honneurs du disque. Le premier, connu surtout pour ses sonates pour clavier seul et dont le port d’attache était l’Angleterre, fut le rival de Beethoven comme pianiste, le second, également grand pianiste, faillit l’être comme symphoniste au moment de l’Eroica. La sonate en la majeur de Cramer allie la virtuosité et l’élégance à une technique pianistique sûre, on pourrait peut-être la jouer sans violon. Ce n’est pas le cas de celle en ré mineur d’Eberl, parue à Vienne et à Leipzig, plus ambitieuse, globalement plus “début XIXème”. Le nom de Franz Xaver Kleinheinz (1765-1832), un des nombreux élèves de Albrechtsberger, figure dans très peu de dictionnaires. Sa sonate en mi bémol, d’esprit classique, s’impose par son très bel Adagio. Johann Mederitsch, dit Gallus (1752-1835) dédia à Haydn en 1802 des quatuors avec fugue. Sa Sonate (ou Caprice) en la mineur est une courte pièce d’esprit libre sachant retenir l’attention. On ne peut que saluer un tel programme et ceux qui l’ont conçu, mais on regrette que l’important matériau de présentation soit si peu maniable.
— Marc Vignal, "Classica"

Schumann sur trois pianoforte — Études Symphoniques

Fortepiano Erard, 1837 | Fortepiano Streicher, 1856 | Pianoforte Fazioli, 1995

Après la publication par Pierre Bouyer des Kreisleriana et de la Fantaisie opus 17 sur trois pianoforte, publication nominée par les International Classical Music Awards, voici, sur les mêmes instruments, le second volet de ces enregistrements. À l’intérêt de la comparaison des instruments et de leur influence sur l’interprétation, s’ajoute la découverte de l’étonnante diversité des versions d’une œuvre aussi célèbre que les Etudes Symphoniques. Comme à chacune de ses publications, Pierre Bouyer accompagne ses interprétations par des réflexions personnelles, d’une part la manière dont sa démarche a été perçue, d’autre part sur la genèse de ces Etudes, et enfin sur la postérité de l’œuvre à travers un siècle d’interprétations enregistrées.


Beethoven : les années 1800 : la juvénile Maturité

Intégrale des Trios de Beethoven avec clarinette et violoncelle Trio opus 11 pour pianoforte, clarinette & violoncelle – Variations WoO46 sur “Bei Männern, welche Liebe” (extrait de “Die Zauberflöte” de Mozart), pour violoncelle & pianoforte – Trio opus 38 pour pianoforte, clarinette & violoncelle (arrangement par le compositeur du Septuor opus 20).

Beethoven a 30 ans. Il vient d’écrire son fameux septuor pour violon, alto, violoncelle, clarinette, cor, basson et contrebasse qui rencontre un succès considérable. Fort de cet accueil et de celui réservé deux ans plus tôt à son premier trio pour clarinette, pianoforte et violoncelle, il ne tarde pas, en 1803, à transcrire le septuor pour ces trois instruments à l’équilibre idéal par les individualités contrastées entre bois, corde et clavier.

Pierre BOUYER, pianoforte viennois Schantz (Collection Villa Medici Giulini)
Jean Claude VEILHAN, clarinette
Sarah VEILHAN, violoncelle